Films sortis en 2025
Watch in progress
Nous sommes loin de pouvoir tout voir, et pas près d’avoir tout vu, mais voilà les films de 2025 visionnés par notre équipe sur les écrans de cinéma (et parfois de télévision) et que nous avons envie de partager avec vous, ou pas.
FILMS SORTIS EN FEVRIER 2025
A Real Pain
Les cousins David et Benji ont toujours été complices depuis leur enfance, malgré deux personnalités totalement opposées. A quarante ans passés, chacun a emprunté un chemin différent. David est marié, jeune papa, pas très à l’aise en société, tandis que Benji, très curieux des gens, aime capter l’attention. Peu après la mort de leur grand-mère, ils décident de lui rendre hommage en se rendant dans son pays d’origine, la Pologne. Un voyage vers leur passé, et vers les douleurs d’une époque qui a poussé leur ancêtre à fuir les horreurs nazies. Un circuit touristique organisé en groupe. Durant ces quelques jours, les souvenirs, les non-dits, vont remonter à la surface, et chacun va révéler ses failles et ses regrets. Dans cette histoire où la mélancolie et le malaise sont latents, l’humour grinçant du scénariste-réalisateur Jesse Eisenberg fait mouche, tout comme sa complicité avec Kieran Culkin, permettant à ce road trip de prendre un bon goût de feelgood movie. A Real Pain nous rappelle à quel point le poids de la famille prend souvent plus de place qu’on ne le pense dans le sac à dos… Film sorti le 26 février 2025
Les Damnés
Réalisateur des Damnés, l’Italien Roberto Minervini porte depuis quelques années un regard singulier sur l’Amérique contemporaine et ses multiples visages sous la forme de documentaires (The Other Side, Le Cœur battant), aussi profonds thématiquement qu’élégants d’un point de vue photographique. A la manière de ses œuvres ancrées dans le réel flirtant parfois avec la fiction (un documentaire est aussi scénarisé), cette première incursion dans le récit possède l’authenticité et la force de son genre de prédilection. Les Damnés, incarnés par une patrouille de soldats nordistes durant la Guerre de Sécession, avancent sur un territoire inexploré à l’Ouest des Etats-Unis, loin de la zone de conflit principale. Filmée de manière rapprochée, au gré de leurs activités quotidiennes, de leurs discussions, la dizaine d’hommes nous devient rapidement familière. De ces échanges vont se dégager des questionnements passionnants sur la foi, le sens de leur mission, leur rôle dans cette entreprise qui les dépasse, la vision de leur pays en mutation et les querelles qui opposent ses habitants. La guerre qu’on nous montre n’a rien d’héroïque. Perdus dans des terres immenses et magnifiques, ces soldats arrivés là pour des raisons multiples, par conviction ou par intérêt, ne sont que de simples individus. En faisant le choix de cette guerre lointaine dans l’Histoire, Minervini peut, à travers ses personnages anonymes, hommes de tous âges condamnés, conférer une dimension universelle à son récit. A l’instar de Chloé Zhao (The Rider, Nomadland), il propose avec son recul d’étranger et son approche du réel une richesse de thématiques qui font écho aux fondements de ces Etats-Unis, aujourd’hui plus désunis que jamais. Film sorti le 12 février 2025
The Brutalist
Précédé d’une réputation où les superlatifs pleuvent pour désigner sa grandeur, The Brutalist ne cache pas son ambition. Un film fleuve de 3h30, tourné en vistavision, en deux parties reliées par un entracte. Un retour à un certain cinéma qui aimait impressionner par une mise en scène grandiose et des enjeux multiples, servis par des comédiens habités par leurs rôles. Si les faits relatés sont une page fictive de l’histoire des Etats-Unis, et que ses personnages n’ont pas existé, la période retracée est bien réelle. L’après-guerre, racontée du point de vue de rescapés de l’Holocauste émigrant aux Etats-Unis, permet d’aborder des thématiques lourdes de sens, autant artistiques, humanistes que politiques. László Tóth (Adrien Brody), séparé de sa femme, va commencer une nouvelle vie dans ce pays symbole de liberté, de richesse et de création. Un pays encore en pleine construction, où les ambitieux sont souvent récompensés, et où le mérite a un sens tout particulier. Après un temps d’adaptation loin d’être aisée, l’architecte génial saisit sa chance lorsqu’un mécène fortuné, Harrison Lee Van Buren (Guy Pearce), lui propose d’imaginer son projet de construction d’un centre communautaire sur son domaine. Ces deux personnalités, totalement opposées, vont unir leurs talents respectifs dans cette entreprise titanesque en s’engageant sur plusieurs années dans ce dessein commun aux intentions a priori plutôt philanthropiques. Pour l’un, dopé par sa vision avant-gardiste de l’architecture brutaliste, la création va lui permettre de s’exprimer totalement. Pour l’autre, dénué de qualité artistique mais doté d’un bon portefeuille, c’est une occasion de rappeler quel citoyen exemplaire il est, et de partager avec la communauté ses deniers, sûrement gagnés honorablement. Ce pacte d’associés, démarrant sous les meilleurs auspices, va se transformer en une passionnante et terrifiante aventure humaine, tiraillée entre les égos, les enjeux, le pouvoir et les différences culturelles. En architecte de son film, Brady Corbet (Vox Lux), livre ce monument épique impressionnant, parcourant plusieurs décennies. Une longue période, racontée sur un très long métrage, pour faire ressentir autant que possible au spectateur l’épreuve que le temps peut représenter. Le temps qui s’écoule, pendant des années avant que László retrouve sa femme. Celui qui s’étire, jusqu’à ce que le projet architectural voit le jour. Et enfin, le temps passé, qui reste à jamais gravé en soi. Brady Corbet aura mis près de sept ans pour aboutir à cette œuvre originale écrite avec sa femme Mona Fastvold. Film sorti le 12 février 2025
Maria
Après Bob Dylan en janvier, c’est Maria Callas qui a droit à un biopic sobrement titré Maria. Moins traditionnel dans son traitement, le film se concentre sur les sept derniers jours de la Diva en 1977 à Paris. Si Angelina Jolie n’est pas la première actrice à laquelle on aurait songé pour incarner l’une des plus grandes chanteuses de l’histoire, il faut avouer que sa prestance, sa grâce ainsi que les nuances de son jeu, témoignent d’une implication totale pour le rôle. Même lorsqu’il s’agit de donner l’illusion du chant d’opéra, la comédienne américaine, qui a pris des cours d’interprétation pendant plusieurs mois pour apporter la crédibilité nécessaire à ces scènes, est convaincante. C’était sûrement la plus grande gageure de ce projet. La mise en scène de Pablo Larraín, élégante et raffinée comme souvent, rend hommage à la grandeur de la chanteuse grecque au talent hors-norme. Le parcours du réalisateur chilien ne cesse de surprendre, capable d’alterner des portraits de figures célèbres réalistes (Jackie, Neruda) ou fantaisistes (Le Comte). Maria révèle une Callas dans l’intimité de son appartement, recluse, entourée de son majordome et de sa gouvernante fidèles. Dépossédée de sa voix depuis des années, elle est tiraillée entre les souvenirs d’une époque révolue, gonflés par son imaginaire, et par les médicaments dont elle abuse. L’espoir de retrouver sa voix n’est sûrement qu’une illusion, mais la voir souffrir en tentant de la raviver, nous rappelle la femme qu’elle était, au-delà de la diva. Ces instants ajoutent encore, s’il le fallait, de la tragédie à cette personnalité qui a bâti sa carrière sur ce genre opératique. Maria sonne comme le chant du cygne d’une cantatrice qui aura sacrifié sa voix, privilégiant l’amour en brûlant ses ailes bien trop prématurément. Film sorti le 5 février 2025
La Pampa
Premier long-métrage d’Antoine Chevrollier, réalisateur habitué des séries (Baron Noir, Le Bureau des Légendes), La Pampa possède l’énergie et l’audace qu’on peut attendre de la part d’un auteur passant de la TV au cinéma. Il n’est pas rare de trouver dans une première œuvre une part personnelle dans l’écriture du scénario, par le biais de souvenirs ou de lieux qui apportent une authenticité à toute histoire. Originaire du village où a été tournée La Pampa, Chevrollier nous dévoile une galerie de personnages attachants. Willy et Jojo en tête, adolescents incandescents et inséparables, fous de moto. A l’âge où rien ne compte plus que les amis, l’amour ou les sorties, les parents sont souvent un fardeau lourd à porter. L’avenir qui s’offre à eux n’est pas très reluisant, à moins de réussir son bac pour l’un, ou devenir champion de moto pour l’autre. Et partir d’ici… Dans la lignée de Leurs Enfants après eux, Vingt Dieux ou l’Amour Ouf, La Pampa explore à sa manière la jeunesse en province française, devant faire face à des mentalités, des problèmes de communication et des secrets inavouables. L’aube de l’âge adulte signifie pour les deux complices la fin de l’innocence, la fin des 400 coups et blessures à prendre avant le grand saut vers leur destin. Film sorti le 5 février 2025
FILMS SORTIS EN JANVIER 2025
Un parfait inconnu
Les biopics se suivent et ne ressemblent pas. Parvenir à cerner la particularité d’une personnalité qui a marqué l’art ou l’Histoire, voire les deux, est toujours un exercice délicat. Le jeune Bobby Dylan, alors parfait inconnu en cette année 1961, débarque à New-York et se rend au chevet de Woody Guthrie, une légende mourante de la musique folk. Impressionné par ce nouveau talent, Pete Seeger, alors présent, va l’accompagner pour ses premières apparitions en public. Si on a pu oublier que le succès de Dylan était fulgurant, soutenu par “la reine du folk” Joan Baez, le film permet de nous plonger dans cette époque bénie, où même la musique traditionnelle américaine pouvait se renouveler. Dylan ira jusqu’à la révolutionner, au risque d’être conspué lorsqu’il passera à la guitare électrique en live au Newport Folk Festival en 1965. Un scandale pour les adeptes les plus conservateurs d’un style qui prenait pourtant la poussière. Avec Un Parfait Inconnu, le talentueux et touche-à-tout James Mangold réussit, malgré une mise en scène plutôt sobre, à enrichir son film de thématiques nombreuses : la transmission, la gloire, l’audace, l’amour, la création… Il situe l’artiste parmi d’autres dans ces quelques années fondatrices, et nous rappelle, s’il le fallait, la qualité d’écriture unique du futur Prix Nobel de Littérature. Consultant sur le film, Dylan aurait été séduit par l’interprétation de Timothée Chalamet. Celui-ci impressionne par son implication totale, dans le jeu et dans la voix, et parvient à incarner l’homme plutôt qu’un mythe, à la fois arrogant et conscient de son talent, autant respectueux de ses prédécesseurs que sûr de sa propre route à tracer. Film sorti le 29 janvier 2025
Companion
Si la bande-annonce dévoilait un grand nombre d’informations, elle n’en demeurait pas moins intrigante et suggérait un brin de folie non déplaisant. Companion s’affirme à l’écran comme un film popcorn (salé et sucré) très plaisant à regarder. Démarrant tel un conte de fée du logis dans lequel Josh et Iris ont un véritable coup de foudre, le scénariste et réalisateur annonce rapidement la couleur de son premier film : cette histoire va mal finir. En annonçant la mort potentielle du jeune homme, le film n’en perd pas pour autant son piment. A la fois drôle, violent voire horrifique, Companion se révèle une satire contemporaine suffisamment subtile et maline pour éviter les lourdeurs, et bien interprété par un casting rafraichissant pour se laisser prendre à ce jeu machiavélique. Il se déguste comme un très bon épisode de Black Mirror truffé d’idées en proposant plusieurs couches de vernis à gratter avant d’atteindre un dénouement final bien senti. L’univers du film ouvre clairement la possibilité d’être étendu à d’autres personnages et donc à une ou plusieurs suites. Si ce modèle d’écriture est conservé avec la même férocité, c’est avec plaisir que l’on jettera un oeil sur les nouvelles aventures d’Iris. Film sorti le 29 janvier 2025
Je suis toujours là
Rio de Janeiro, début des années 1970. La famille Paiva mène une existence privilégiée en bordure de mer. Dans leur maison accueillante, ils partagent avec leurs enfants et leurs amis des moments de joie, de jeux, d’échanges autant culturels que politiques. La caméra immortalise ces instants de bonheur communicatif, presque trop beaux pour être vrais, rythmés par la musique du Brésil et d’ailleurs. L’harmonie qui s’en dégage semble inébranlable. En toile de fond, on entend parler d’enlèvements de personnalités politiques, relâchées après quelques jours. L’armée effectue auprès de la population des contrôles d’identité avec une brutalité non dissimulée. Lorsque Rubens, le père de famille, puis sa femme Eunice et une de leur fille sont cherchés à leur domicile pour être interrogés sur de supposés rapports avec des terroristes, leur vie va basculer. Rubens ne reviendra jamais dans sa famille… Walter Salles adapte le livre Ainda estou aqui de Marcelo Paiva, biographie de sa mère devenue avocate et militante. Dans sa jeunesse, le réalisateur a réellement côtoyé la famille Paiva. Il a vécu cette sombre et douloureuse page de son pays, contrôlé par une dictature militaire dont on a peine à se souvenir. Nombreux enlèvements, tortures et assassinats, résultent du pouvoir en place, qui avait toute liberté d’arrêter et de séquestrer qui bon lui semblait. Walter Salles livre Je suis toujours là tel un témoin, captant des instants d’une humanité rare, autant dans l’euphorie que dans la douleur, alternant entre caméra de cinéma et super 8. Une œuvre où l’ensemble des comédiens impriment la pellicule avec une justesse rare, portés par la même volonté de ne jamais oublier. Film sorti le 15 janvier 2025
Babygirl
Comment aborder en 2025 un sujet aussi bancal que la domination masculine d’un jeune stagiaire sur la patronne d’une très grande entreprise. Si le pitch ressemble à un sexy movie des années 1990, de Basic Instinct à Harcèlement, la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn aborde le sujet à bras-le-corps sans sourciller et parvient, toujours sur un équilibre instable et douteux, à dévoiler peu à peu ses intentions. A travers des personnages très caricaturaux, le couple idyllique incarné par Nicole Kidman et Antonio Banderas en tête (deux sex-symbols du cinéma), la réalisatrice va s’amuser à faire exploser un à un certains des fondements de la société idéale qu’on nous inculque : réussite, perfection, harmonie familiale. Toutes ces façades vont se montrer extrêmement fragiles lorsque Samuel (Harris Dickinson) s’emploiera à semer le trouble chez Romy, incarnation du rêve américain, reine dans sa tour d’ivoire, incapable de résister au charme pervers du jeune homme. Celui-ci, révélateur d’une hypocrisie généralisée, autant professionnelle que personnelle, va pousser tous ces individus lisses qui l’entourent à exprimer tout haut leurs pensées les plus enfouies, les plus indicibles, et leur permettre enfin d’être honnêtes les uns envers les autres. Tel un réseau social qui délierait toutes les langues, Samuel va briser les questions de hiérarchie sociale, de consentement, de relation et replacer tout ce petit monde au même niveau, celui de l’être humain presque primitif, animal. Babygirl n’est ni masculiniste, ni féministe. Bien au contraire. Film sorti le 15 janvier 2025
Wolf Man
Après Invisible Man, Leigh Whannell s’attaque à la relecture d’une autre célèbre figure de la firme Universal, le loup-garou. L’auteur, avec James Wan, de sagas célèbres comme Saw ou Insidious, a prouvé à maintes reprises ses talents de conteur et sa capacité à s’inscrire dans une horreur moderne. Dans son introduction, nous découvrons le jeune Blake et son père chassant dans une splendide forêt de l’Oregon. Ils sont pris à partie par un animal qu’ils ne feront qu’entrevoir. La légende dit qu’un randonneur aurait attrapé une sorte de virus et hanterait les environs. Bien des années plus tard, Blake est désormais papa d’une adolescente, mais son couple bat de l’aile. A l’annonce du décès de son père, qu’il n’avait pas vu depuis des années, il convainc sa femme d’aller passer tous les trois quelques jours dans sa maison d’enfance. A peine arrivés, une créature les attaque et les prend en chasse. Ils parviennent à se réfugier dans la vieille demeure, mais la nuit allait être longue et intensément dangereuse. Les intentions de Whannell sont plutôt louables. En situant son film dans un contexte familial, les thématiques qui en ressortent sont autant de chemins à emprunter pouvant donner lieu à un développement intéressant de son histoire : la filiation, les violences intra familiales, la nature des individus, l’homme face à l’animal et à la nature, la notion de territoire… Il est regrettable qu’aucune ne soit vraiment exploitée en profondeur. Wolf Man se dévoile de manière trop linéaire, se contentant d’alterner les scènes de terreur et d’émotion sans parvenir à créer une réelle empathie (malheureusement, la jeune actrice qui joue leur fille n’est hélas pas très crédible dans son jeu face à l’intensité de Christopher Abbott, autant à l’aise dans l’animalité que dans la douceur). Il en résulte un spectacle classique honorable, dont le travail d’écriture un poil paresseux, ou trop appuyé par moments, ne permet pas de se singulariser. Film sorti le 15 janvier 2025
Le Dossier Maldoror
Belgique, 1995. Un jeune gendarme cherche à résoudre une enquête de disparition de deux jeunes filles dans son secteur. Guidé par une intuition persistante, il outrepasse certaines règles, dépité par le manque de réactivité de son supérieur et par la rivalité entre polices et gendarmerie, en pleines restructurations alors. Fabrice Du Welz s’attaque à l’affaire Dutroux du point de vue d’un homme obstiné par la justice, seul face à un système étatique corrompu. Il évite d’en faire un thriller et dresse un portrait de son pays en ces années sombres, traumatisé par cette affaire criminelle et déchiré à jamais. La Belgique ressemble par moment à un champ de ruines, paysage industriel en désolation. Mais dans toute cette noirceur, il n’oublie d’y mettre de la lumière, à travers le couple formé par le gendarme (Anthony Bajon) et sa femme (Alba Gaia Bellugi déjà vue dans Inexorable). Leur union si pure, à l’instar du pays dans lequel ils vivent, ne sortira pas indemne de ce voyage au bout de l’enfer. Du Welz livre sans doute son film le plus ambitieux, dans une structure (et une durée) qui rappelle le film de Cimino. Un monde dans lequel un enfant naît, sans le savoir, entouré de monstres en puissance, il est difficile de croire à un avenir meilleur, même lorsque l’amour nous entoure. Le Dossier Maldoror voudrait pouvoir changer l’Histoire, mais la réalité restera toujours plus forte que la fiction. Film sorti le 15 janvier 2025
La Chambre d’à côté
Un nouveau duo de femmes est mis à l’honneur par Almodovar dans ce film tout en délicatesse qu’il a tourné aux Etats-Unis en langue anglaise. Julianne Moore et Tilda Swinton, présentes sur une affiche qui rappelle étrangement celle de Julieta (sorti il y a près de 10 ans), incarnent Ingrid et Martha, deux amies et anciennes collègues journalistes d’un même journal qui s’étaient perdues de vue pour des raisons que l’on connaît tous : le travail et le temps. Le hasard d’une discussion va les réunir à nouveau et malgré la maladie qui menace d’emporter Martha dans les semaines à venir, elles vont toutes deux se retrouver plus que jamais et partager des instants extrêmement forts. Leurs échanges porteront sur la mort bien sûr, sur la maternité, sur les hommes aussi. Ces derniers ne s’en sortent pas glorieux, John Turturro étant un digne représentant du pauvre type contemporain irrécupérable. C’est peut-être un des seuls défauts de La Chambre d’à côté, celui de n’accorder que peu de relief aux hommes, écrasés par des personnages féminins bien trop complexes pour qu’ils puissent exister à leurs côtés. Mais c’est un parti pris légitime, dans lequel Almodovar conforte un peu plus son attrait pour les rôles de femmes, de mères, de filles, tellement plus intéressantes à écrire ou à filmer. Film sorti le 8 janvier 2025