Texte : Alexandre Metzger - Illustration : Alexandre Metzger - 22 décembre 2020

Conan le Barbare

La chair et l’acier

En 1970, Arnold Strong, alors âgé de 23 ans, est l’acteur principal d’Hercule à New York. Sa voix, au doux accent autrichien à couper au couteau est intégralement doublée, et Strong n’est qu’un pseudonyme. Ses idoles, Reg Park, Steeve Reeves ou Johnny Weissmuller ont tous en commun d’avoir été, comme lui, des champions sportifs avant de devenir des stars du grand écran. Ce champion de culturisme professionnel, plusieurs fois Mister Universe et Mr. Olympia, au véritable nom imprononçable et impossible à retenir, n’a aucune chance de faire carrière à Hollywood. C’est sans compter sur une volonté et une ténacité d’acier, un charisme certain et un corps impressionnant qui ne passe pas inaperçu. Arnold, Schwarzenegger de son vrai nom enchaîne quelques seconds rôles peu marquants pendant une dizaine d’années tout en poursuivant sa carrière de culturiste, et c’est par le biais du documentaire Pumping Iron (et de sa suite) que la renommée commence à poindre. Autant l’attente a été longue pour l’atteindre, autant la fulgurance du succès à partir de 1982 va être telle qu’elle va propulser du jour au lendemain l’acteur au rang de star, et très rapidement de méga star. Conan le Barbare, dirigé par le guerrier John Milius, est une épopée magistrale, et son interprète l’incarne à merveille : Arnold EST Conan, et ça personne n’osera le remettre en cause…

La plume d’Howard

Pourtant, le Conan de la littérature n’est pas celui qui se retrouve à l’écran. Conan le Cimmérien, né sous la plume de Robert Ervin Howard dans les années 1930, suit sa route et profite des plaisirs et de l’instant présent. On ne sait rien de son enfance par exemple. Les situations qu’il rencontre, il les gère sans trop de questionnements, usant de sa force ou de son esprit, c’est selon. Mais ce décalage n’a pas vraiment été remis en cause, si ce n’est par les fanatiques purs et durs. Le héros n’est pas devenu aussi rapidement que l’on pourrait le penser cette icône pulp connue de tous. Franc succès à leur parution dans les pages de Weird Tales, les nouvelles du Texan, déjà connu comme le créateur de personnages tels que Solomon Kane et Kull, posent les bases d’une nouvelle forme de littérature sombre et brutale située dans une époque inventée, l’âge hyborien. Cet univers, dénué de références réelles à l’Histoire, lui permet toutes les libertés. Conan pourra y croiser aussi bien des chevaliers en armure que des pirates, des sorciers, et autres monstres. Malgré le succès et un avenir littéraire qui ne demandait qu’à être exploré, l’auteur se suicide à l’aube de ses 30 ans… Howard aurait pu tomber dans l’oubli mais Crom soit loué, les amateurs de ses textes, les gardiens du temple, ont su raviver la flamme au fil des ans. Dans le même temps, Le Hobbit et surtout Le Seigneur des Anneaux, sont devenus des phénomènes littéraires et la fantasy a gagné ses lettres de noblesse. Lorsque l’illustrateur Frank Frazetta, aussi à l’aise avec ses pinceaux dans la science-fiction, le western ou l’aventure, est missionné pour mettre en image l’univers barbare d’Howard dans les années 1970, la popularité du héros explose totalement. Pour les nouveaux lecteurs d’alors, les ouvrages d’Howard sont parés de superbes couvertures qui invitent déjà à se plonger dans un nouvel ailleurs. Dans un autre style, les illustrations de Nicollet réalisées pour les autres récits d’Howard aux éditions Néo (L’Homme Noir, Bran Mak Morn…) marquent elles aussi les amateurs d’images sombres. Les comics s’emparent à leur tour de ce « nouveau » héros lucratif et assoient encore un peu plus sa notoriété. Chez Marvel, les adaptations des histoires de Conan par Barry Smith, puis par John Buscema, dévoilent toute l’étendue d’un monde infiniment riche. Dans cette ascension que rien ne semble pouvoir arrêter, le cinéma ne pouvait ignorer ce personnage charismatique…

Enfance terrible

« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts ». Le ton est donné au travers de cette citation de Nietzsche à peine détournée qui inaugure le film. Celle-ci pourrait convenir à Arnold Schwarzenegger lui-même, dont le déterminisme a pu être bâti (en même temps que son corps de statue grecque) à cause ou grâce à un père militaire très dur avec lui, violent même, que ce soit par les mots ou par les actes. Alors qu’en fond résonnent les premiers coups de tambours, un instant couverts par la voix éraillée du narrateur qui nous annonce une « haute aventure », à l’écran, le métal en fusion encore brûlant coule, dessinant dans son moule la silhouette massive d’une épée. Dans la furie des percussions et des cuivres aux accents wagnériens, la musique de Basil Poledouris sublime le feu et le métal. L’épée a été forgée par les mains et la sueur d’un homme puissant, sous les yeux de sa femme et de leur enfant. Depuis son plus jeune âge, Conan est initié aux secrets de l’acier par son père (William Smith, culturiste lui aussi et surtout acteur dans de nombreuses séries et films), à travers les récits sur leur dieu Crom, les géants et les hommes. C’est par ce même acier implacable que vont périr ses parents ainsi que le village tout entier, massacrés par une horde de barbares aux allures de vikings en armures, dans une scène d’une violence inouïe. Une scène dénuée de paroles mais d’une densité fulgurante qui dévoile un personnage sombre au charisme terrifiant, Thulsa Doom, que son interprète James Earl Jones (la voix US de Dark Vador!) parvient à hisser au palmarès des plus grandes incarnations du mal du septième art. Un être funeste à la carrure imposante, leader sanguinaire dont l’emblème, deux serpents se faisant face, marque au fer rouge le jeune garçon. Dans un jeu de regards croisés où seuls les yeux s’expriment, le destin des deux personnages se scelle dans le sang. Les années à venir s’annoncent très sombres pour Conan et les autres enfants faits prisonniers. Le destin de Thulsa Doom, sans qu’il en soit conscient, est gravé dans le marbre ce jour-là.

Also sprach Schwarzenegger…

L’osmose est totale dès ces premiers instants d’aventure quasi muets au souffle épique incroyable. Le scénario du vétéran du Vietnam Oliver Stone (qui, à ce stade de sa carrière, n’est le réalisateur que de deux films d’horreur, La Reine du Mal et La Main du cauchemar, mais scénariste à succès de Midnight Express), revu et corrigé par le général Milius (réformé, lui, pour son grand malheur !), emprunte la voie du drame où l’humour n’a pas trop sa place. Tel un opéra introduisant ses personnages et la trame à venir, les tableaux vont pouvoir se succéder, comme des peintures d’un monde où les seules règles qui comptent sont la violence, la domination et la survie. Devenu esclave, Conan va grandir enchaîné, condamné comme d’autres à pousser une roue à travers un châtiment digne de celui de Sisyphe. Une séquence d’une ingéniosité telle qu’on peut la qualifier d’une des ellipses temporelles les plus inspirées du cinéma. La mise en scène de Milius, en quelques plans, transforme l’enfant frêle en une masse de muscles impressionnante. Le temps qui a passé a vu succomber un à un les autres hommes, tandis que lui a su braver la faim, le froid, la fatigue… Conan se dévoile sous les traits de l’acteur autrichien qui exprime en un plan toute l’essence du personnage qu’il est devenu. Seul rescapé de cette sentence interminable, il n’est qu’un corps monstrueusement musculeux sans connaissances ni éducation. Le barbare silencieux, tel l’enfant qu’il a été, ne comprend que peu de choses du monde qui l’entoure. Seuls les ordres le guident dans ses actes. D’esclave, il devient gladiateur malgré lui. Conan est une bête apeurée, c’est son instinct qui va parler pour lui et enfin le révéler. Il est littéralement une force de la nature qui n’attendait que d’être déchaînée…

Une touche de zen

Les peintures de Frazetta prennent vie dans des chorégraphies majestueuses où Schwarzenegger manie les armes blanches et tranchantes avec un plaisir communicatif. Dans les gradins des arènes sanglantes tout comme chez le spectateur, le déchaînement de violence est jouissif, les coups semblent si réels. Mais là où le film aurait pu ne devenir qu’une vulgaire boucherie, Milius, en grand amateur de culture japonaise, va insuffler à son œuvre une grâce et une finesse inespérées. Un peu de philosophie, un certain romantisme et même une pointe d’humour vont aider à apporter un équilibre constant et rythmer subtilement le périple du héros. Grâce à ses victoires et à une renommée grandissante, Conan va enfin accéder à une vie plus agréable et à des expériences inédites pour lui : le maniement de l’épée, la lecture, les femmes. Il va surtout connaître… la liberté. Lui qui depuis toujours n’avait été qu’un être qu’on déplace, accompagné par ses bourreaux et pourtant solitaire dans son malheur, ses véritables aventures pouvaient alors commencer. Les rencontres vont lui ouvrir l’horizon. Avec Subotai devenu un compagnon de route, il va pouvoir échanger, confronter ses idées à celles d’un autre, traverser des paysages grandioses et des villes peuplées, goûter à de nouveaux plaisirs comme la drogue ou le vol. Se faire un ami en quelque sorte. Avec Valeria (Sandahl Bergman), c’est même l’amour qu’il va croiser. Un amour sincère, profond, où l’insouciance semble définitivement vouloir remplacer les malheurs passés. Mais ce serait trop beau et finalement trop monotone comme vie à passer…

Guerre et amour

Partout où ils passent, nos héros croisent des tours immenses dressées tels des phallus aux abords de cités. Dans ces édifices, des hommes et des femmes, les enfants de Doom, victimes d’une secte inquiétante où le serpent est le symbole-roi. Ce serpent, souvenir d’un autre temps, est gravé à jamais dans l’esprit de Conan. Et lorsque le roi Osric (Max Von Sydow) leur demande de sauver sa fille des griffes du terrible Thulsa Doom, la vengeance va prendre le dessus sur l’amour… Conan va quitter Valeria et poursuivre sa route en solitaire en direction de la Montagne du Pouvoir, où le meurtrier de son peuple a établi son antre. En chemin, la rencontre avec Akiro, le futur narrateur de ses exploits, est un beau moment de confrontation tout en décalage. Immédiatement complices, les deux hommes s’accordent une confiance mutuelle, et ce personnage jovial va devenir central dans la vie du barbare. Alors que des cohortes de fidèles de Doom s’agglutinent de plus en plus nombreux, attirés par le charme irrésistible de leur idole vers ce lieu sinistre, formant comme un serpent sans début ni fin à l’approche de leur destination, Conan va se joindre à eux et intégrer leurs codes. Cet aspect du personnage est très intéressant car lui qui a passé la majeure partie de sa vie sans parler ni agir a pu développer l’art d’observer et de comprendre ce qui l’entourait. En grand passionné du genre humain et… d’armes à feu qu’est Milius, celui-ci ne manque pas l’occasion de se moquer ouvertement des hippies, ce mouvement pacifiste pas si lointain qui avait fleuri parallèlement à la guerre du Vietnam. Mais c’est de bonne guerre et les scènes de comédie restent comme des instants savoureux où Schwarzenegger se révèle très convaincant. Conan le Barbare demeure sans doute le rôle où le comédien incarne totalement son personnage et semble à l’aise dans toutes les situations, dirigé de main de maître par son metteur en scène.

La Terre de Milius

Il est vrai que Milius y va un peu fort car il associe ouvertement ces pauvres pèlerins en quête de plaisir et de liberté à un mouvement sectaire des plus terrifiants. Il dénonce au passage les dérives de ces gourous opportunistes qui ont régulièrement occupé les faits divers. L’abrutissement de masses, mené par ces manipulateurs en puissance (Jim Jones, leader de la tristement célèbre secte Le Temple du Peuple, a inspiré le personnage de Thulsa Doom), est assurément un point commun avec le corps militaire et la dictature, mais c’est un tout autre débat… Certains critiqueront quelques allusions homophobes ou des dialogues outrageusement sexistes, mais c’est oublier que le monde qui est dépeint ici est dur, sans pitié, un monde en construction, régi par les hommes. Un monde pas si éloigné du nôtre en réalité… C’est oublier aussi que Milius nous propose de magnifiques figures féminines, loin d’être de simples faire-valoir. Valéria en est le parfait exemple : alter ego du Cimmérien, son rôle dans l’accomplissement de Conan sera déterminant, et elle atteindra un statut quasi mystique vers la fin de l’histoire. Ce n’est pas dans la Terre du Milieu de Tolkien que l’on voyage ici, mais dans un endroit tortueux et tourmenté, où Thulsa Doom asseoit insidieusement sa suprématie depuis des décennies. Si le bien et le mal sont assez clairement définis dans cet univers, à l’instar de sagas telles que Star Wars, Superman ou James Bond, Conan possède son lot de zones d’ombre qui le rapprochent plutôt de l’anti-héros que du preux chevalier. Le nombre de cadavres accumulés et les travers cités plus haut parlent d’eux-mêmes…

L’évangile selon Conan

Alors qu’on pourrait penser que le pire était derrière lui et que le héros n’avait plus qu’à mener à bien sa mission, c’est un véritable chemin de croix qu’il va emprunter en osant se confronter à Thulsa Doom. Sans pitié, celui-ci va faire subir à cet impie le châtiment qu’il mérite, qui rappelle le destin d’autres figures mythologiques. Une succession de tableaux impressionnants — sacrifice, torture, crucifixion, mort, résurrection — le transcende jusqu’à en devenir une figure christique. La puissance évocatrice de ces scènes, en alternance avec d’autres plus simples en apparence, dénuées de dialogues, où Conan observe sa main, manie son épée comme pour faire corps avec elle, ajoute s’il en était encore besoin une grande profondeur au personnage. Seule la musique se permet d’illustrer ses émotions. Conan accède au stade surhumain, non pas à la manière de l’Übermensch polémique de Nietzsche, mais comme un être qui a acquis une expérience jamais offerte à un autre homme, celle d’avoir vaincu la mort elle-même ! Alors que Thulsa Doom lui affirmait peu de temps auparavant que la chair est bien plus puissante que l’acier, Conan, qui n’a pas oublié l’enseignement de son père, choisira de s’exprimer avec la lame forgée des années plus tôt. Contrairement au Christ de notre civilisation, Conan n’accorde pas le pardon à son ennemi mais la vengeance. Son dieu Crom vit sous terre et non dans les cieux. Ce qui lie les hommes à Crom, c’est l’acier et non la chair ni l’amour de son prochain. Et L’acier va parler plus que jamais…

Apocalypse now

Pénétrant dans l’antre du Dieu-serpent où les corps d’hommes et de femmes se mélangent dans des scènes orgiaques, Conan et ses compagnons entament un ballet de mort où les têtes tombent les unes après les autres, où la pitié n’a pas sa raison d’être. Les voleurs, devenus combattants, se déplacent avec une grâce rare. Magnifiquement chorégraphiés, ces moments de furie paroxystique constituent pour l’époque du jamais vu à l’écran. Le sang est la réponse à bon nombre de religions et celle de Conan ne déroge pas à cette règle funeste. La musique de Poledouris, lorgnant du côté de Carl Orff et de Ravel, atteint là encore une force opératique incroyable, et les compositions de plans, dans ces décors démesurés, sont des chefs-d’œuvre de peinture médiévale fantastique. Pour l’ultime combat, les compagnons vont devoir affronter des dizaines d’ennemis en armure, plus déchaînés les uns que les autres. Conan invoque sans trop y croire Crom pour l’aider en ces instants décisifs. Le champ de bataille choisi est un endroit sacré où reposent les rois de jadis, un lieu empli de mémoire et d’histoire sur lequel une nouvelle page sanglante est sur le point de s’écrire. Un final en apothéose, où chevaux et humains succombent à coups de lances, de haches et d’épées tranchantes. La chair et le sang se révèlent bien faibles face à l’acier implacable de Conan et de ses disciples.

Le crépuscule des Dieux

Thulsa Doom, le « marchand de mort » sur son cheval ténébreux, désormais chef sans guerriers, n’a plus que son armée de fidèles à laquelle se raccrocher. Et dans un ultime face à face, dont la teneur psychologique peut être jugée aussi puissante que la scène emblématique de l’Empire contre-attaque, Conan, en proie à la fascination de sa Némésis pendant un court instant, peut réaliser l’accomplissement de sa vie. Un final à la dimension cette fois œdipienne, où l’acier, guidé par la force de l’esprit, triomphera. La démesure de cette production, avec ses décors somptueux conçus par Ron Cobb (Alien, Star Wars…), ses centaines de figurants, s’inscrit dans une tradition tout en ouvrant la voie à un nouveau genre. Milius, par un savant mélange de péplum et de chronique historique, inscrit son film dans la même lignée et l’ambition que des grands classiques aux personnages iconiques (Spartacus, Lawrence d’Arabie,…).

Et après ?

Gros succès à sa sortie dans de nombreux pays, Conan le Barbare lance la carrière d’Arnold. Le producteur Dino de Laurentiis capitalise de manière opportuniste sur le succès de sa nouvelle star en sortant Kalidor en 1984, où l’acteur n’est pourtant qu’un acolyte de Red Sonja (Brigitte Nielsen), une autre création d’Howard. Sandahl Bergman rempile également dans un rôle à contre-emploi de celui de Valeria. Il redevient Conan (le destructeur) la même année. Deux spectacles très honnêtes, mais qui sont loin d’avoir la même profondeur et le même souffle schwarzenegguerier que le film de Milius ! Ce scénariste de talent, qui a souvent été appelé à la rescousse par ses copains de promo Spielberg, Coppola ou Lucas, est l’origine de scènes et de dialogues cultes pour l’Inspecteur Harry, Les Dents de la mer et Apocalypse Now entre autres. Il reste le grand perdant de l’aventure cimmérienne. Sa renommée est loin d’être comparable aux réalisateurs précités, son caractère bien trempé et le manque de succès dans les années qui suivent le voient même peu à peu blacklisté, et Hollywood lui tourne le dos. Arnold va délaisser le genre qui l’a catapulté, un jeune réalisateur ayant la bonne idée de le transformer en cyborg dans une science-fiction apocalyptique ! Car comme en littérature, le genre héroic fantasy va très vite montrer ses limites à travers des ersatz ou des pâles copies peu inspirées. Dar l’invincible, Conquest, les Barbarians et autre Ator l’invincible (lui aussi!) vont se démultiplier et réduiront souvent l’héroique à de la fantasie plus divertissante. Heureusement, d’autres films oseront se mesurer à leur manière à la grandeur et la saveur de l’œuvre de Milius au fil des ans : Legend, Ladyhawke, La Chair et le Sang, Willow, Braveheart, Le Guerrier silencieux… Mais il faudra bien attendre vingt ans pour qu’une véritable œuvre de fantasy sombre revoit le jour de manière audacieuse et puisse prétendre ravir son trône à Conan le Barbare. Il faudra bien la folie d’un Peter Jackson et une armée de talents pour y arriver. Puis la saga Game of Thrones et le jeu vidéo achèveront de démocratiser un jour la Dark fantasy.
Pour beaucoup, ces nouvelles œuvres sont des aboutissements, et ils n’ont pas tort. Pour certains puristes, nostalgiques pourrait-on dire, Conan le Barbare garde une place privilégiée dans leur cœur. La force du film de John Milius est d’avoir considéré de bout en bout son Conan comme une véritable figure tragique, voire shakespearienne. En ne le tuant pas, il l’a rendu plus fort, il l’a rendu immortel. Il est bien dommage que les trois films prévus initialement n’aient pu voir le jour de la main de Milius, pourtant très motivé pour collaborer à nouveau avec Arnold. Le destin en a décidé autrement… A défaut d’un King Conan qu’on ne verra jamais, c’est King Arnold qui a été couronné…