28 semaines plus tard
London bleeding
Le succès de 28 Jours plus tard (80 millions de dollars à travers le monde, soit 10 fois son budget), curieusement, n’a pas lieu en France, où il stagnera à 200 00 entrées. Près de 4 ans après, cette suite attendue, réalisée par Juan Carlos Fresnadillo (Intacto), va confirmer l’engouement suscité pour cette nouvelle génération de zombies au cinéma. Danny Boyle et Alex Garland délaissent la réalisation et l’écriture mais gardent un œil sur leur franchise en tant que producteurs exécutifs. Boyle va même jusqu’à tourner quelques scènes de l’introduction de 28 Semaines plus tard. Introduction ô combien efficace, qui va passer d’un moment d’intimité entre Don et Alice (un couple aimant, logeant au sein d’une maison dans laquelle ils ont été accueillis) au massacre pur et simple de cette communauté qui tentait de survivre depuis les évènements ayant conduit la Grande-Bretagne vers l’épidémie terrible que l’on connaît. Seul Don (Robert Carlyle) va sortir vivant de ce carnage perpétré par de nombreux infectés arrivés là après avoir poursuivi un enfant venu se réfugier, abandonnant sa femme seule face aux monstres, autrefois des êtres humains. Cette suite, sans atteindre la perfection de son modèle, nous replonge dans le bain (de sang ça va de soi) qui nous avait fraîchement bousculés quelques années plus tôt, avec les qualités comme les défauts de nombreuses suites.
Back in London
Nous apprenons qu’onze semaines après la propagation du virus, les forces de l’OTAN ont investi Londres pour prendre la situation en main et parvenir, au bout de quelques semaines, à déclarer l’épidémie éradiquée en Grande-Bretagne. 28 Semaines après le jour J, alors que les snipers surplombent la ville sur le toit de nombreux buildings, passant leurs journées à s’ennuyer, les habitants sont invités à repeupler le premier district, une zone verte sécurisée de la ville. Tammy et Andy, partis avant les évènements en voyage à l’étranger, vont ainsi pouvoir retrouver leur père Don. Des retrouvailles à la fois heureuses et difficiles, lorsque celui-ci leur annonce les circonstances de la disparition tragique de leur mère.
Make England great again
Plusieurs comédiens venus d’ailleurs sont conviés au casting de cette suite: les américains Jeremy Renner et Harold Perrineau, ou l’Australienne Rose Byrne pour des rôles essentiellement militaires. Idris Elba, bel et bien anglais lui, est de la partie aussi. Qui dit armée dit gros moyens, actions musclées et un humour bien moins subtile que celui réputé des britanniques, influant forcément sur le style de 28 Semaines plus tard. Si la nervosité de la caméra est toujours présente, le film prend une structure plus conventionnelle, délaissant la caméra DV et la poésie de l’original. Exit la bande-son qui ajoutait cette english touch pop et fraîche lors des quelques moments de sérénité de son prédécesseur. En revanche, le morceau emblématique de John Murphy, In The House In A Heartbeat, décliné en diverses variations, va accentuer à plusieurs reprises la tension de la plupart des scènes d’action.
Imprévu
Comment justifier un retour des infectés furieux alors que tout semblait être revenu à la normale et maîtrisé par la formidable armée de l’OTAN ? Par une bonne idée de scénario, certes alambiquée, mais tout comme ont pu être crédibles des suites d’Alien, de Terminator ou autre saga du septième art. Lorsque Tammy et Andy retournent secrètement dans la maison qui les a vu grandir, ils y découvrent leur mère, bien vivante. Effectivement contaminée suite à la morsure d’une infectée, elle a su développer miraculeusement une immunité face à la maladie. Les retrouvailles entre Don et Alice, qui auraient dû être un fabuleux moment, vont se muter en une explosion de violence, provoquant le début d’une (re)transmission du virus. Londres va être plongée dans un nouveau chaos. Encore une fois, c’est une action humaine, irréfléchie, malgré tout d’une grande beauté, qui va en être la cause.
More and morts
28 Semaines plus tard fait le choix lui aussi de se focaliser sur un groupe de personnages formé par le hasard des rencontres. Mais la quête de spectaculaire inhérent aux suites, qu’on pourrait juger “à l’américaine”, prend un peu le dessus, privilégiant les sensations fortes au détriment de l’intime. Plus d’action, plus d’infectés, plus de stress, plus d’explosions, prétextes à des séquences efficaces et formatées qui délaissent au passage les échanges entre les personnages qui rendaient 28 Jours plus tard plus familier, plus universel aussi. La fin, elle aussi, se veut plus extravagante, s’ouvrant sans le cacher sur un troisième opus imparable. Le film sera à nouveau un succès, faisant un peu mieux que son prédécesseur, même en France.
Who’s next
Très rapidement après la sortie de 28 Semaines plus tard, un troisième volet sera effectivement évoqué par Danny Boyle lui-même (titré logiquement 28 mois plus tard à cette époque-là), précisant même qu’il le réalisera. Curieusement, il ne sera pas tourné aussi rapidement qu’on aurait pu le penser. Il faudra patienter plus de 20 ans pour finalement découvrir 28 Ans plus tard. C’est peut-être tant mieux. Entre temps, le monde s’est offert une pandémie mondiale qui, si elle n’a pas servi de leçon à notre humanité, ne pourra que profiter à 28 Ans plus tard, qui sort en ce mois de juin 2025. Signé par le duo Boyle/Garland, on espère ce troisième film plus contaminé que jamais par leur passion partagée du genre.